Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, je partys yer de Dourmans, quatre lieues par della Chasteautiery, où je layssès
2la reyne, mère du roy et Monsieur, qui sont allées visiter madame de Lorrayne, laquelle y est
3tumbée malade despuis huit jours en sa, que la fievre la saisit audit Dourmans ; les medecins
4asseurent que ce ne sera rien, aydant Dieu. Tout aussi toust que madite dame sera hors de
5fiebvre, la reyne, mère du roy et mondit seigneur reviendront en ceste ville pour donner ourdre
6à leurs affaires, lessquelz ce passent à lacoustumée, sans que lon puisse ce resouldre à leur
7dessain. Le roy est aus environs de la fouretz de Cressi, il se bruit quil ne viendra en ceste
8ville quilz ne si rendent toutz emsemble, pour ne voulloyr demesler aulcunes affaires sans la
9presence de la reyne sa mère et de mondit seigneur son frère. Au demeurant, le sieur de
10Chastelart vous escrit pour le regart du cayer que Cavaignes a produit au conseil dont je
11ne suis que bien ayse quar la fin en reussira à vostre grandeur, veu limpression, estime et
12asseurance que leurs magestés et mondit seigneur ont de voz bonnes accions, comme ilz
13mont dit plusieurs foys. Jay veu la lettre que vous escrivés à monsieur de Chastelart et à
14moy du XVIIe ; je solliciteray leurs dites magestés pour vous donner advis de leur intention. Je
15masseure quelles recevront grant contantement dentendre la bonne impression que le roy
16d’Espagne a de leurs juste volonté. Je prie à Dieu qui les continue en bonne paix et amityé q.
17Jay veu les lettres que le sieur de Mondoucet, ambassadeur pour leurs dites magestés près le duc
18d’Albe, a escrit à mondit seigneur, comme monsieur de Jenly est prisonnyer avec grand nonbre
19de noblesse, que je ne vous nommeray presentement pour nestre trop prolix. Il y demeura cinq
20centz hommes sur la place. Ilz ont renvoyé force privés soldatz après les avoyr devalisés jusques
21à la chemise quilz leurs ostarent. Jamays gentz ne firent si mal que firent les huguenotz françoys.
22Ilz y ont aquis une très mauvaise reputation. Le filz du duc d’Albe est à une demye lyeue de Montz
23lequel est sur le point de ce résouldre de deus choses : lune quest dataquer Montz par troys
24endroitz ou daller au devant du prince d’Aurange pour le combatre. Voyla ce que le dit sieur
25de Mondoucet a escrit à mon dit seigneur, lequel nous fit cest honneur en ce couchant à
26Dourmans, de nous faire veoyr les dites lettres. Il y a troys jours que les nouvelles sont venues
27à la court de la mort du conte de Ventadoul. Le conte de Maulevryer a eu sa compaignie.
28Nous sommes tousiours attendant messieurs de Vènes et de Laval. Il ne seront pas plus toust
29arrivé que je naye le piet à lestrier pour vous aller faire la reverance. Mon frère de Guarguas
30[v°] ce pourtent bien, Dieu graces, comme font ces compaignons. Pour navoyr aultres nouvelles à vous
31escrire, je salueray voz bonnes graces par mes très humbles recommandations, priant Nostre Seigneur
32vous donner
33monsieur, en très bonne santé longue et hereuse vye. A Parys ce XXXe de juillet.
34Vostre très humble filz et très hobeyssant
35à jamays
36Hourche
37Si madame veoit la presente, elle y trouvera mes
38très humbles recommandations à sa bonne grace.
39Comme jauray ce bien de vous veoyr, je vous feray
40ung plaisant conte du discours passé entre monsieur de
41Valence et moy, lequel dit autrement ne vous estre plus tel
42quil a esté du passé. Cest la moindre perte que vous pouvés faire,
43estant dune si escabreuse humeur comme il est.